Ce photoblog présente quotidiennement

un premier choix non définitif d'images pour les séries en cours.

Il vient en complément du site www.yannickvallet.com qui, lui,

présente un panorama complet de mon travail.


7 décembre 2009

Les soirées diapos


C'était dans les années 70. D'abord, on poussait la table. Puis on tournait les chaises face au mur, celui qui était le plus blanc, le plus clair, le plus grand. Et quand ça ne suffisait pas, on enlevait un cadre mal placé, ou on poussait le téléviseur. Par la suite, lorsque c'est devenu abordable, on a remplacé le mur par un écran sur pied. Lisse d'abord, puis perlé un peu plus tard, "parce que c'est quand même mieux pour les couleurs, ça les rend plus belles", on le déroulait en tirant une poignée vers le haut, qu'on fixait au sommet du pied.
Sur la table du séjour, les deux ou trois paniers destinés au projecteur étaient pleins, souvent préparés la veille, ou l'après-midi même, par mon père et mon oncle qui triaient, classaient, rangeaient par ordre chronologique les précieux carrés faits de carton et de celluloïd.
C'était le samedi soir, "parce que le lendemain c'est dimanche et qu'on peut dormir un peu plus tard". Tout le monde était là, oncle, tante, grand-père, grand-mère, cousins, cousines. Et on refaisait les dernières vacances. Celles d'hiver pour lesquelles l'écran ne renvoyait finalement que du blanc, et qui faisaient un peu mal aux yeux. Celles d'été, où on se remémorait la chaleur, les ballades dans la nature et les visites obligées des villages français !
Un des hommes (mon père, mon oncle) actionnait le chariot du projecteur. Au début à la main, puis plus tard, avec la télécommande filaire. Les femmes (ma mère, ma tante) faisaient les commentaires et ma grand-mère, qui elle n'avait pas participé aux vacances, posait des questions. Et parfois, ça dégénérait. On n'était pas d'accord sur le lieu, sur le jour ou sur l'heure. Chacun y allait de sa preuve et moi, même si je n'écoutais que d'une oreille, je gardais mes deux yeux toujours bien fixés dans l'axe de l'écran, à me refaire mes vacances. Celles où tout était doux, beau, parfois un peu effrayant car nouveau ou inconnu, mais toujours délicieux. Et dont le souvenir légèrement flou, me rendait souvent un peu triste ...
On appelait ça, les soirées diapos !